Société, Entreprise
A la tête depuis deux ans de BGene, Marie-Gabrielle Jouan a abandonné la paillasse pour monter sa start-up spécialisée dans l’ingénierie génétique.
Elle était "G la rage" dans l’équipe de roller derby grenobloise, les "Cannibal Marmots". Faute de temps, Marie-Gabrielle Jouan, PDG de BGene, a rangé ses quads au placard, sans rien perdre de sa "gnaque". "Dans le milieu de l’entreprise, on doit sans arrêt prouver qu’on n’est pas des rigolotes. Il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds. Il faut y aller, tout le temps. Une nana ne peut pas se contenter d’être brillante dans son domaine", estime la jeune femme de 36 ans. Bien avant de se retrouver aux manettes de cette start-up spécialisée dans l’ingénierie génétique, Marie-Gabrielle Jouan a eu l’occasion de faire les preuves de sa combativité. "Reçue-collée" à l’issue de deux premières années de médecine, elle se tourne vers la biologie et quitte sa ville natale, Besançon, en 2002, pour Grenoble. Afin de financer ses études, elle vend des forfaits de ski à Chamrousse et encadre de nombreuses heures de TP. Son doctorat en poche, elle n’imagine pas rester dans le milieu de la recherche, trop éloigné à son goût des réalités de terrain. Elle est alors recrutée par Floralis, la filiale de valorisation de l’ex Université Joseph Fourier, aujourd’hui Université Grenoble Alpes, avec la mission de rentabiliser les plateformes expérimentales de l’établissement. Ce métier la met sur la route de nombreux chercheurs. Elle fait la connaissance de Caroline Ranquet, docteure en microbiologie. La rencontre est décisive. Les deux femmes décident de créer une entreprise dont l’activité consiste à optimiser le génome des bactéries pour en faire des micro-usines capables de produire de nouvelles molécules à destination des secteurs pharmacologiques et industriels, à partir de ressources renouvelables. L’objectif : sortir du pétrole et de la dépendance énergétique grâce à ces techniques.
"Attendre quoi ?"
Le jour où elles remportent le concours OSEO "Emergence" en juillet 2013, Marie-Gabrielle Jouan apprend qu’elle est enceinte. "On m’a dit : ‘Pourquoi tu ne fais pas ton bébé tranquille et tu ne montes pas ta start-up après ?’ Cela faisait deux ans qu’on testait BGene. Je ne me voyais pas encore attendre. Attendre quoi ? Mes parents me disaient ‘Tu te rends compte dans quelle précarité vous allez vous retrouver ?’ Mon mari est artisan. Pas de sécurité d’emploi de son côté, plus de sécurité d’emploi de mon côté, avec un enfant… Oui. Mais c’est possible, en fait". Et de décrire une course contre la montre. Enceinte de sept mois, elle soutient la candidature de BGene au réseau Entreprendre Isère et le remporte. "Ce qui est bien avec les hormones de grossesse, c’est que ça booste ! J’étais complètement dopée ! On était inarrêtables !", raconte-t-elle. La veille de son congé maternité, elle dépose les statuts de l’entreprise. BGene est née. Son fils, Bo, arrivera un mois plus tard. "Tout me plaît dans mon métier. Je me bats pour des idées qui sont fondamentales pour moi. On nous parle de protection de l’environnement, de transition énergétique. Eh bien, je suis actrice de ça et je me sens utile. Ça n’a pas de prix !".En savoir plus
www.bgene-genetics.comA lire aussi
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Mis à jour le 30 janvier 2018
En quelques dates
25 avril 1980 : naissance.
Décembre 2008 : obtention d'un doctorat en physiologie cardio-vasculaire à l’Université Grenoble Alpes.
Février 2014 : création de BGene.
Décembre 2008 : obtention d'un doctorat en physiologie cardio-vasculaire à l’Université Grenoble Alpes.
Février 2014 : création de BGene.
Ce qu'elle en pense
Le droit des femmes :
"Il faudrait que les droits de la femme cessent de régresser. Rien n’est jamais acquis. Je pense au droit à l’avortement par exemple. Simone Weil est la dernière femme qui s’est réellement battue pour nos droits."

"Il faudrait que les droits de la femme cessent de régresser. Rien n’est jamais acquis. Je pense au droit à l’avortement par exemple. Simone Weil est la dernière femme qui s’est réellement battue pour nos droits."